Étude des modifications épigénétiques de l’ADN dans le vieillissement cérébral
Le Prof Heard obtient une subvention Vaincre Alzheimer de 100 000 €
RÉSUMÉ DU PROJET DE RECHERCHE DU PROF HEARD
Toutes nos cellules contiennent la même information génétique, mais elles n’en font pas toutes la même utilisation : un neurone ne ressemble pas à une cellule de peau. Chaque type de cellule utilise les informations génétiques à sa façon, pour remplir sa fonction. L’épigénétique est l’étude des modifications dans l’activité des gènes, sans que cela ne transforme la séquence d’ADN. Ce sont donc des modifications réversibles.
Dans le cerveau, ces marques épigénétiques sont très importantes et impliquées notamment dans les processus de mémorisation. On sait qu’en général au cours du vieillissement, les marques épigénétiques peuvent être altérées et l’on suspecte que cela ait un lien avec la maladie d’Alzheimer, cependant on ne sait pas dans quelle mesure le cerveau est affecté. Le but de ce projet est de comprendre quelles modifications épigénétiques sont le plus affectées au cours du vieillissement et d’étudier leur impact sur la régulation des gènes, notamment ceux connus pour être impliqués dans la maladie d’Alzheimer.
Ce projet est essentiel pour mieux comprendre le vieillissement du cerveau et la maladie d’Alzheimer, il pourrait contribuer à l’identification d’une cause moléculaire ainsi qu’au développement de nouvelles stratégies thérapeutiques.
« Chers donateurs, je tiens à vous exprimer toute ma gratitude pour votre soutien, indispensable à ce projet. Je suis ravie de pouvoir mener cette nouvelle voie de recherche au sein de mon équipe, non seulement pour contribuer à la lutte contre la maladie d’Alzheimer, mais aussi pour ouvrir de nouvelles perspectives de recherche dans la communauté scientifique. »
Prof Edith Heard
Laboratoire :
CNRS, Institut Curie, Paris
Type de subvention :
Subvention Standard
Montant de la subvention :
100.000 €
Dates du projet :
1er janvier 2018 au 31 décembre 2019 (2 ans)
L’interview du Prof Heard
Fondation Vaincre Alzheimer : Avez-vous un lien personnel avec la maladie d’Alzheimer ?
Dr Heard : « C’est la maladie neurodégénérative la plus fréquente. En tant que chercheuse je me sens donc forcément concernée. Pour l’instant ma famille proche n’a pas été touchée par la maladie d’Alzheimer. Mais les gens dans mon entourage (amis, collègues) le sont. »
Fondation Vaincre Alzheimer : Pourquoi avez-vous choisi d’axer vos recherches sur cette maladie neuro-évolutive ?
Dr Heard : « J’étudie depuis plus de 20 ans l’inactivation d’un des deux chromosomes X chez la femme. C’est un mécanisme épigénétique qui régule la dose des gènes à l’échelle d’un chromosome entier. En effet, les femmes ont deux X alors que les hommes n’en ont qu’un (ils sont XY). Grâce aux concepts et techniques développés, l’inactivation du chromosome X nous sert aujourd’hui de modèle pour comprendre d’autres phénomènes épigénétiques. Nous avons donc étudié la régulation du dosage des gènes situés sur les autres chromosomes dans des cellules neurales. Nous avons ainsi découvert de nouveaux mécanismes épigénétiques. Or, il se trouve qu’ils affectent notamment des gènes associés à la maladie d’Alzheimer. Est-ce que la dérégulation de ces mécanismes au cours du vieillissement pourrait déclencher la maladie ? Serait-il possible d’utiliser ces mécanismes dans une perspective thérapeutique ? Ces nouvelles questions pourraient être fondamentales dans la recherche contre la maladie d’Alzheimer. C’est ce qui nous a amenées à déposer ce projet à la Fondation. »
Fondation Vaincre Alzheimer : En quoi votre projet est-il prometteur dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer ?
Dr Heard : « L’implication des mécanismes épigénétiques dans la maladie d’Alzheimer est un domaine de recherche encore quasiment vierge. En effet, c’est un sujet techniquement délicat à étudier. Cependant, les dérégulations de ces mécanismes qui ont lieu au cours du vieillissement pourraient être à l’origine de la maladie et contribuer à sa progression. De plus, la modulation des mécanismes épigénétiques pourrait représenter une perspective thérapeutique. Les modifications épigénétiques sont en effet réversibles et permettent de réguler la dose des gènes. Par ailleurs, il existe déjà des « épi »-médicaments, développés principalement pour soigner certains cancers. J’espère donc que notre étude ouvrira la voie à beaucoup d’autres, car il y a beaucoup de potentiel. De plus, nous utiliserons des techniques de pointe en épigénétique et nos données seront accessibles à l’ensemble de la communauté scientifique. Elles pourront ainsi guider les futures études, mais aussi permettre une meilleure interprétation de données génomiques déjà générées. »
Fondation Vaincre Alzheimer : Comment une subvention privée, comme celle octroyée par Vaincre Alzheimer, permet à votre projet d’avancer ?
Dr Heard : « Cette subvention est tout simplement essentielle ! Sans l’aide de votre fondation nous n’aurions pas pu développer ce projet au laboratoire. En effet, une partie de la subvention servira à soutenir une jeune post-doctorante et devrait l’encourager à poursuivre ses recherches dans cette voie à l’avenir. »