Découvrez l’interview d’un chercheur qui sur les tauopathies ! Financé en 2023 par la Fondation Vaincre Alzheimer, Yann Fichou consacre ses travaux aux tauopathies, un groupe de maladies neurocognitives, dont la maladie d’Alzheimer fait partie. Dans cette interview, il revient sur son parcours, son quotidien et sa passion pour la recherche, avec l’envie de transmettre au grand public une vision humaine et réaliste du métier de chercheur.
Fondation Vaincre Alzheimer (FVA) : Comment décririez-vous votre métier à quelqu’un qui ne le connaît pas ?
Dr. Fichou : Le métier de chercheur est un métier profondément passionnant. Il repose sur le questionnement : on s’interroge sur les phénomènes naturels qui nous entourent, qu’il s’agisse du fonctionnement du corps humain, des plantes, des animaux, ou même de l’univers. Grâce à une démarche scientifique, nous essayons de répondre à ce qui est encore inconnu. Et cette quête de compréhension rend chaque journée différente et stimulante.
FVA : Avez-vous une image en tête pour expliquer votre travail en tant que chercheur qui étudie les tauopathies, au personnes qui liront cette interview ?
Dr. Fichou : J’aime comparer le corps humain à une boîte noire remplie d’engrenages. On ne peut pas l’ouvrir, et il y a tellement de mécanismes à l’intérieur qu’il est difficile de deviner comment cela fonctionne. Le chercheur, c’est celui qui essaie, par des méthodes avancées, de comprendre pièce par pièce ce qui se passe dans cette boîte. Cela permet non seulement de mieux comprendre le fonctionnement normal du corps, mais aussi ce qui se dérègle dans certaines maladies.
FVA : Quelle découverte récente vous a particulièrement marqué ?
Dr. Fichou : Une découverte de la fin des années 2010 m’a profondément marqué. Dans les tauopathies, on retrouve une même protéine : la protéine tau. Pendant longtemps, on pensait qu’elle formait des agrégats identiques dans toutes ces maladies. Or, on a découvert que cette même protéine adopte des structures différentes selon la maladie concernée. Cette avancée est importante, car elle change complètement notre approche du diagnostic et des traitements.
FVA : Qu’est-ce que les gens ignorent sur votre quotidien de chercheur ?
Dr. Fichou : On imagine souvent le chercheur uniquement en train de faire des expériences ou de réfléchir à ses hypothèses. Mais une grande partie de notre temps est consacrée à la recherche de financements. Il faut répondre à des appels à projets, monter des dossiers, gérer l’aspect administratif. C’est une part très importante de notre métier, même si elle est moins connue.
FVA : Quel aurait été votre métier si vous n’aviez pas été chercheur ?
Dr. Fichou : Au départ, j’hésitais entre deux voies : devenir médecin ou pianiste. Finalement, c’est la science qui l’a emporté. Aujourd’hui, je ne regrette pas ce choix. C’est un métier dans lequel on apprend sans cesse, on doute, on avance, et on se remet en question constamment.
FVA : Avez-vous des passions en dehors de votre travail ?
Dr. Fichou : Oui, plusieurs. Je pratique la plongée, j’aime explorer les fonds marins. Je fais aussi de la danse. Et puis, j’ai une routine que j’apprécie particulièrement : je prends le train chaque matin à 7h42. C’est devenu une véritable transition entre ma vie personnelle et mon travail, presque une extension de mon bureau.
FVA : Si vous pouviez passer une soirée avec une figure scientifique, qui choisiriez-vous ?
Dr. Fichou : Je choisirais Richard Feynman. C’était un physicien exceptionnel, mais aussi un vulgarisateur brillant. Il avait cette capacité à expliquer des choses très complexes avec passion et simplicité. J’aurais aimé échanger avec lui sur sa vision du monde et sur l’importance de rester curieux et enthousiaste.
FVA : Quel message souhaitez-vous transmettre aux futurs chercheurs ?
Dr. Fichou : Je voudrais leur dire qu’il faut rester optimiste. Ce n’est pas un long fleuve tranquille d’arriver à un poste de chercheur établi. Il y a des déconvenues, des impasses, des moments de doute. Mais il faut garder foi en ce que l’on fait, croire que ce travail est utile à la société, et surtout, ne jamais perdre de vue le sens de ce métier : mieux comprendre le monde pour mieux le soigner et le préserver.
La FondationVaincre Alzheimer remercie le Dr. Yann Fichou, chercheur qui travaille sur les tauopathies, pour cette interview exclusive !
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