Comment améliorer le diagnostic différentiel entre la maladie d’Alzheimer et la maladie à corps de Lewy ?
Et si un diagnostic différentiel d’Alzheimer et de la maladie à corps de Lewy était possible ? Diagnostiquer précocement et correctement les maladies neurocognitives reste un enjeu majeur de santé publique. C’est à cette problématique que s’attelle le Dr. Esteban Muñoz Musat. Il est neurologue et médecin-chercheur à l’hôpital Lariboisière Fernand Widal à Paris. Son objectif est de mettre au point un outil innovant pour le diagnostic différentiel de la maladie d’Alzheimer et la maladie à corps de Lewy, deux maladies souvent confondues à leurs débuts.
Deux maladies proches… mais différentes
Deuxième maladie neurocognitive la plus fréquente, après la maladie d’Alzheimer, la maladie à corps de Lewy est encore largement méconnue et mal diagnostiquée. Ses symptômes cognitifs, tels que les troubles de la mémoire, du raisonnement ou du langage ressemblent fortement à ceux de la maladie d’Alzheimer. Mais d’autres signes cliniques sont spécifiques à la maladie à corps de Lewy et peuvent aider à la distinguer d’Alzheimer :
- Un syndrome parkinsonien : des troubles moteurs similaires à ceux observés dans la maladie de Parkinson.
- Des hallucinations visuelles précoces, fréquentes et parfois envahissantes.
- Les fluctuations cognitives marquées, avec des variations soudaines de l’attention ou de la vigilance.
- Des troubles du sommeil, notamment un trouble du comportement en sommeil paradoxal, avec des mouvements importants pendant les rêves.
Ces éléments spécifiques orientent le diagnostic vers la maladie à corps de Lewy. Cependant, ils sont encore difficiles à identifier de manière systématique et précoce.
L’électroencéphalographie au service du diagnostic différentiel de la maladie d’Alzheimer et de la maladie à corps de Lewy
Pour dépasser ces difficultés, Esteban Muñoz Musat s’appuie sur l’analyse de l’activité électrique du cerveau grâce à l’électroencéphalographie (EEG). En enregistrant ce signal pendant une vingtaine de minutes, il est possible d’en extraire des indicateurs très précis, comme :
- Le niveau d’information contenue dans les signaux cérébraux ;
- Le degré de communication entre différentes zones du cerveau ;
- La variation de ces signaux au cours du temps, qui pourrait être beaucoup plus marquée chez les personnes atteintes de la maladie à corps de Lewy que chez celles atteintes d’Alzheimer.
Intelligence artificielle et médecine de demain
Pour analyser l’ensemble de ces données et définir des seuils permettant de distinguer les deux pathologies, le chercheur a recours à des techniques de “machine learning”. L’intelligence artificielle lui permet ainsi d’identifier des schémas de variabilité propres à chaque maladie, dans le but de créer un outil diagnostique fiable, rapide et accessible en pratique clinique. Ces techniques devraient permettre un diagnostic différentiel entre la maladie d’Alzheimer et la maladie à corps de Lewy.
Vers un meilleur accompagnement des patients
En affinant le diagnostic dès les premières étapes de la maladie, ce projet pourrait améliorer significativement la prise en soin médicale. Il pourrait également améliorer la qualité de vie des malades et de leurs proches. Car mieux comprendre, c’est aussi mieux soigner.
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